
LE LIÈVRE
D’après :
http://racines.traditions2.free.fr/begrue/index.htm
Cet animal “qui
gambade le jour et dort la nuit” a une particularité : « Il naît
les yeux ouverts et de ce fait il est initié aux Mystères° et joue un grand
rôle dans la magie* et la médecine populaire. » De plus il est
“changeant” (de pelage) et lunatique comme l’astre dans le visage duquel
certains peuples pensent le voir se dessiner en lieu et place de notre “Homme
de la Lune” :

Très
prolifique, notre Jeannot lapin est un symbole* de fécondité et pour cela il représente
la Terre Mère, la Triple Déesse, Luna/ Diana/ Dana/ Nana/ Hécate/ Artio ou
Artémis Phoebe. Comme Elle, il est sacré*, depuis la Grèce des Pélasges
jusqu’à la Grande-Bretagne et aux Pays Baltes, et sa chasse est interdite,
taboue, sauf le 1° Mai où elle est ritualisée !
Un emblème de
cette fécondité est la patte de lapin, symbole phallique s’il en est, et dont
on a des traces depuis le sixième siècle AEC. On peut sans doute lui
rapprocher cette coutume : « La peau du jeune lièvre dans laquelle on
place de l’armoise séchée sert à fabriquer la “jarretière du voyageur” qui
permet de se déplacer avec autant de rapidité22 que l’animal. » Eloïse Mozzani, Le
livre des superstitions, Laffont Bouquins 95.
Si le Lapin
“pond” les oeufs de Pâques chez les Germains, c’est parce qu’il est la
Déesse Mère/ Lune qui précède le lever de la Soleil et que, pour
Ostara/ Aurore, il pond l’Œuf du Monde à l’occasion de la
renaissance de la nature” (cf. Cygne et Grue, supra). Il s’agit
probablement là d’un rite* résiduel venu de la Grande Dispersion des
Indo-Européens*, de cette époque où nos ancêtres suivaient le cri “gru-gruou”
de la grue couronnée lors du Grand Hiver Fimbulvetter, à la recherche de la
Soleil cachée par les cendres volcaniques de la Grande Éruption (cf. notre
art. Déluges*)…
Car ce n’est pas
tout : les Allemands appellent le lièvre Hase, phoniquement bien près de
Ase*… qui est le nom du Mage* nordique23 ! Cette “Grande Oreille” qu’on retrouve jusque
dans les églises est celle du petit dieu gallo-romain Auribus, ou celle de la
Déesse Mère “aux Oreilles” qui doit “prêter l’oreille aux supplications”,
puis celle du Dieu Fils breton qui tel un “ravi” de Provence trône sur les
genoux de sa Vierge Mère* et c’est aussi celle de notre hypothétique saint
Oyand de Grenoble…
Et ce “Dieu Fils”
nous amène à remarquer que ce “lapin fou de mars” dont il est question dans Alice
au pays des merveilles (de Lewis Caroll) pourrait bien figurer ce jour
supplémentaire qu’on ajoute à l’année tous

les quatre
ans, entre février et mars…
Chez les Celtes : Comme le lapin
vit sous terre, nos ancêtres le croyaient en relation avec le monde des morts
et des “dieux inférieurs” (“l’enfer” annwn), aussi ils ne mangeaient
par la chair de leur animal sacré*, leurs lointains et éburovices cousin du
Moyen Orient, les Ebro/ Hébreux non plus d’ailleurs. Est-ce en rapport avec
le fait que sa chair donne des crises de rhumatismes et qu’elle peut même
être létale pour les personnes âgées ?
En Chine : le lièvre est le
préparateur de la “drogue d’immortalité” qui était peut-être faite de “son
fiel utilisé par leurs forgerons pour la fonte des épées” (Jean Chevalier,
op. cit.). Il est aussi chez eux le symbole du printemps…
Au Japon : le lapin Usagi est le
symbole de la longévité (…sexuelle?)

Quel secret (inavouable) ce Lièvre murmure-t-il à l’oreille
du chien
dans l’Hortus conclusus de la Dame à la Licorne* ?
Au Moyen Âge : il est encore le
symbole de la Terre Mère qu’on voit sur la tapisserie de la Dame à la
Licorne*, et il est celui de la Terre (des Ases-Hases) pour les alchimistes.
L’action de l’Église : Mais notre Jeannot
Lapin est devenu “sorcier” par la grâce (?) de l’Église qui voulut l’éliminer
(quel vilain mot !) et le remplacer par Marie.
Cependant la
tradition des oeufs rouges offerts par la jeune fille à celui qui va être
autorisé à la courtiser (cf. les Fêtes* provençales païennes de la Sainte
Baume), en prélude à la hiérogamie rituelle des Fêtes du 1° Mai, perdurait néanmoins comme tous les rites*
fondamentaux : il fallut donc “coloniser” celui-ci et ce ne fut pas sans
peine :
On peut en
effet s’interroger sur la nécessité qu’on les cloches – les anciens
“tambours d’airain” des pépiniéristes atlantes* – d’aller à Rome pour y
faire leurs Pâques et de pondre des oeufs, tout particulièrement lorsqu’elles
en reviennent ! Preuves incontestables d’une difficile “colonisation” du
mythe* de la renaissance et de la fécondité printanières, indéracinable et
toujours… renaissant ! Mais, “faisant d’une pierre deux coups”, on colonisa
dans la foulée l’archaïque cloche des Frisons elle-même !
Dans le tarot de
Wirth, sur la “lame” attribuée à Orion qui lutte, tel Héraklès massue en main
à dextre et à senestre contre le cataclysme, la toison en “bouclier”, en
pardalide, on peut voir un lièvre chthonien à ses pieds, le signe
astrologique* du Taureau y figure aussi : souvenirs de son origine boréenne
?…
Dans le Folklore : Le lièvre est devenu Hare en Angleterre : un
nom du Diable* (curieuse homophonie avec notre “pauvre Hère…)
En Dordogne,
c’est le lièvre qui convoque les sorciers* pour leurs “esbats”, lesquels sont
appelés sabbats par l’Eglise* qui inventa nombre d’histoires de Diables* qui
“hantent” nos recueils folkloriques. Mais, on y trouve quelquefois… matière à
décrypter24 :
« Dans la Manche,
des lièvres ferrés (cloutés)n, qu’on entendait courir sur les
ponts (bifrost)n ou à proximité des rocailles (Rokr, Tour)n,
gardaient des trésors (les Pommes d’Or)n. » Ces Vikings de
Normandie sont visiblement restés plus proches de notre vieille
coutume !

Cette chanson
populaire, citée par J.-P.. Ronecker dans son excellent Bestiaire, Fabuleux
appartient à la tradition des rites érotiques des “sorcières” de la Veille de Mai ou Nuit de Walpurgis, et l’on peut en conclure
qu’il est ici question de l’ancêtre de la rituelle Chasse à Courre au Renard
qui s’est conservée en Angleterre25 (Ah, si les écolos-pastèques
étaient un peu moins incultes).
En occitan
ou appelle notre lièvre “lebra” (prononcer “lébro”) et il est l’objet
d’une Bourrée montagnarde : “Ay vist lou loup, lou lébro et lou rénard
dansa(r)”. Les Bretons “gallo” ont aussi conservé une danse du même
genre qui le remémore.
Le folklore espagnol
des superstitions perpétue l’interdit de la consommation du lièvre en prétendant
que : « la femme enceinte qui en mange perdra son bébé ou il dormira les
yeux ouverts (ce qui est effrayant)n. » E. Mozzani, op. cit.
Dicton des Alpes : “Quand le
lièvre blanc sort le matin, La neige s’alourdit le soir !”
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